Discipline : Architecture
Catégories :
Bâtiment public / Bâtiment culturel
: Certification or
Catégories :
Prix spéciaux / Reconversion & réutilisation adaptive
: Grand Lauréat
L’Agora des Arts de Rouyn-Noranda s’érige dans le paysage de l’Abitibi-Témiscamingue comme diffuseur spécialisé en théâtre de création et en musique acoustique. Le projet naît d’une réhabilitation et d’un réaménagement de l’église Notre-Dame-de-Protection, classée dans le patrimoine culturel du Québec. Ayant incarné un lieu de rassemblement pendant près d’un siècle maintenant, l’Agora des Arts s’inscrit dans la continuité de cette volonté de se retrouver pour célébrer ce qui nous unit.
Se dressant fièrement devant la fonderie Horne, le bâtiment ne se situe qu’à une rue des démolitions massives prévues dans le quartier patrimonial de la Ville en vue de l’aménagement d’une zone tampon verte, qui servira à tempérer la quantité trop importante d’émanations d’arsenic de la région et à maintenir l’usine en fonction. Dans ce contexte de déracinement qui entraînera le déplacement de plus de deux cents familles, l’objet de mémoire qu’incarne l’Agora devient un symbole d’ancrage, et s’érige comme une pierre angulaire du projet de revitalisation du Vieux-Noranda.
Lauréat d’un concours d’architecture, le projet consiste en la rénovation complète de l’église, incluant sa salle de spectacle de 200 places, ses diverses toitures, sa charpente et une partie de son enveloppe. L’escalier symbolique de l’église a été déplacé latéralement à l’intérieur du bâtiment et lie les deux niveaux du foyer. Ce dernier s’impose au regard à travers des parois vitrées du premier étage, alors que son apparence massive en bois travaillé emplit l’Agora d’une frappante majesté. Rappelant d’une part les finis lustrés des bancs, chaires et confessionnaux des églises traditionnelles, l’escalier incarne une voie d’accès privilégiée à l’imaginaire de la scène, menant à la salle de spectacle. La préservation de ce morceau caractéristique du bâtiment d’origine charge le projet de la mémoire des messes de Noël, des baptêmes, des mariages, des concerts et des pièces de théâtre qui en ont foulé les marches dans le dernier siècle.
L’Agora des Arts prolonge l’importance d’un morceau de patrimoine québécois dans un nouvel usage, lui permettant de demeurer un pivot culturel dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue tout en respectant la charge symbolique et historique qui le précède. Le projet a été réfléchi comme un exercice de mémoire et de réhabilitation patrimoniale des diverses valeurs sociales, culturelles et paysagères de l’ensemble composé de l’église Notre-Dame-de-Protection et de son presbytère. L’équipe a d’ailleurs augmenté le tableau d’un troisième bâtiment, un volume suspendu s’ajoutant au caractère contemporain de l’infrastructure. Composé d’une maçonnerie traditionnelle de brique rouge assemblée sous forme de résille devant une paroi de verre, le bâtiment laisse s’échapper une aura lumineuse d’une sublime modernité. Ce volume ajouté s’installe comme un lieu mettant en relation les arts de la scène, la mémoire de l’existant et le contexte urbain de la région.
