Smoked Meat / Publié le 6 décembre 2020
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D’après un article original publié dans INTÉRIEURS 64, Automne-Hiver 2014-2015 et rédigé par Madeleine Champagne et Anne Darche ainsi qu’un second article publié dans INTERIEURS 77, Hiver 2019, lors de la nomination d’Anik Shooner au prix Hommage du GRANDS PRIX DU DESIGN et rédigé par Madeleine Champagne.
L’architecte associée Anik Shooner est LA SEULE personnalité du design et de l’architecture qui s’est mérité, au fil des années, deux profils uniques dans la fabuleuse chronique Smoked Meat du magazine INTÉRIEURS. Un premier article, publié en 2014 est ici repris (en GRIS) et complété par le second, publié en 2019 lors de la nomination d’Anik Shooner au prix HOMMAGE du GRANDS PRIX DU DESIGN (en ROSE).
Bonne lecture !
VOIR ARTICLE ORIGINAL INTÉRIEURS 64 |
SMOKED MEAT
ANIK SHOONER
« Un jour, je serai architecte. », racontait petite Anik, à qui voulait l’entendre, en construisant des maisons dans le sable, des gratte-ciels avec ses Lego…
Anik Shooner à l’âge de 6 ans.
« J’avais 26 ans et j’étais responsable d’un projet de plus de 60 millions de dollars. J’arrive de Toronto à Saint- Hubert, sur le terrain choisi. C’est une ferme en plein coeur d’un champ immense. Au beau milieu, une vache! Talk about le génie du lieu »
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ÇA COMMENCE COMME ÇA
Anik a six ans, elle et sa gang s’inventent une ville imaginaire sur une planète dans l’espace. Pour y arriver, la bande pédale ardemment sur des vélos fixes dans le cabanon paternel, à Saint-Lambert, leur mode de locomotion pour explorer cette cité fantastique, sa géographie et ses habitats.
ET UNE ARCHITECTE, ELLE EST DEVENUE !
Anik Shooner est cofondatrice et associée de la firme Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes. À Montréal, peu de femmes sont dans cette ligue et, hier encore, on lui demandait une rencontre avec « Monsieur Shooner » ou plus étrange encore, avec son papa, assurément le président de la firme. Eh bien… Erreur ! Monsieur Shooner, le père, a connu une jolie carrière dans les affaires mais ni l’architecte ni le président fondateur d’entreprise de la famille.
C’est Anik et ses associés qui sont à la barre de cette boîte de quelque 80 professionnels… ils sont plus de 100 talents à y bosser maintenant… Ajoutons dans le même souffle que les qualités entrepreneuriales du paternel ont imbibé Anik et lui ont donné sa trempe et son tonus. Comme qu’ils disent : La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre !
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DE TO À ST-HUBAnik décroche son premier emploi à Toronto chez WZMH et se fait confier le mandat de concevoir et de réaliser, avec ses collègues, l’Agence spatiale canadienne à Saint-Hubert. Un projet de plus de 60 millions de dollars. Lorsqu’elle entend que le mandat lui revient, son coeur saute un battement ! Et en voyant le territoire, elle a carrément perdu son souffle. L’espace était vaste… vide, quasi lunaire. Un canevas immense pour un projet de grande magnitude. C’est alors que l’équipe s’est promis de construire de quoi d’exceptionnel, de significatif et de grande beauté. Et ce l’est! Les employés de l’Agence canadienne spatiale sont unanimes et s’entendent avec ses propos d’un ancien directeur : |
Agence spatiale canadienne – Photo : Steven Evans |
« C’est réellement une construction exceptionnelle ! Belle vue du sol, elle mérite encore plus d’être vue du ciel ! Si on la regarde du ciel, elle ressemble à un avion. À l’intérieur, il y a plusieurs grands espaces ouverts et une luminosité abondante. On se sent comme si on était au coeur d’un bâtiment haute technologie sur un campus universitaire. C’est un endroit des plus stimulants où travailler, réfléchir, expérimenter et grandir ! »
Anik Shooner – Photo : Martine Doucet
QUE DIRE DE PLUS ? PURE ET SIMPLEMENT RAYONNANTE !
Laissons une âme soeur la décrire! « Anik est pragmatique. Elle a embrassé le gris qui est venu tôt faire de sa crinière hérissée couleur acier inoxydable, son look signature. Ajoutez un sourire éclatant et vous aurez la carte de visite convoitée de cette architecte fort occupée. » Tellement vrai…
D’ARCHITECTE À PROPRIO
Dans la foulée rock and roll du projet de l’Agence spatiale canadienne, René Menkès (le M de WZMH) offre à Anik Shooner de racheter WZMH Montréal et de fonder avec lui et l’architecte Yves Dagenais, une nouvelle firme d’architecture. Elle fait le grand saut et dit oui ! Le tout deviendra réalité en 1994. Dix en plus tard, Jean-Pierre LeTourneux, concepteur réputé, complète l’équipe. Voyage accéléré vers le présent : 2021 et ce sont quelques 120 talents aux larges compétences mises à profit sans cloisonnement qui forment l’équipe MENKÈS SHOONER DAGENAIS LETOURNEUX Architectes.
SON MANTRA
Anik développe alors ses quatre commandements qui deviendront son mantra !
1. Créer une architecture d’exception
2. Se fixer un budget
3. Respecter l’échéancier proposé
4. S’assurer que tous les participants du projet soient heureux
C’est presque un tatouage psychologique, des principes phares et efficaces qui ont fait en sorte que la firme d’excellence est souvent sélectionnée pour des projets de grande envergure.
POLYVALENTEAnik écoute. Elle comprend et intègre avec brio en un seul édifice, les multiples besoins des usagers, comme ce fut le cas pour la Cité du Multimédia, phase 8 : deux volumes d’une beauté et d’une efficacité redoutables, reliées par un atrium exaltant fait comme toujours, en symbiose avec ses associés et ses collaborateurs. |
Cité Multimédia, Phase 8 – Photo : Stéphane Brügger
ON L’APPELLE MME. LEED !
Véritable pionnière dans le domaine de la construction verte à Montréal, Anik et son équipe ont implanté le critère LEED au Pavillon Lassonde de l’École Polytechnique de Montréal en 2002, faisant du lieu, le tout premier bâtiment institutionnel en éducation certifié LEED-NC Or au Québec.
La Maison du développement durable a bientôt suivi, un projet certifié LEED-NC Platinum au Québec.
Pavillons Lassonde – Photo : Alain Laforest
Maison du développement durable – Photo : Stéphane Groleau
Tour BNP-Paribas – Photos : Marc Cramer
AMOUR UN JOUR, AMOUR TOUJOURS
Pour propager la bonne nouvelle, Anik donne des conférences sur l’architecture à des étudiants d’un groupe en « persistance scolaire ». Elle aime leur montrer des photos de sites architecturaux, entre autres celui du 1981, avenue McGill College, aussi appelé la Tour BNP. Construit en 1981 et conçu par René Menkès, son associé, l’immeuble offre de saisissants points de vue sur la ville et le mont Royal.
Immanquablement, lorsqu’elle leur demande quand cet édifice a été construit, on répond 2010 ou 2012. Pérenne, c’est ça. Une architecture d’une certaine noblesse, d’un modernisme certain et constant dans sa facture.
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Complexe des sciences – Photo : Benjamin SeropianComplexe des sciences – Photo : Stéphane Brügger
Condominium Louis Bohème – Photo : Marc Cramer
PLUS DE CRÉATIVITÉ ARCHITECTURALE POUR MONTRÉAL
Anik est convaincue que les Montréalais aiment l’architecture créative et que les touristes sont également attirés par la bonne architecture. Une architecture qui
raconte une histoire, qui respire l’excellence. En 2014 de INT64, elle pense que Montréal devrait en avoir plus !
Un bonus supplémentaire : une bonne architecture se vend. Le projet audacieux de condos Louis Bohème érigés en 2010 sur le boulevard de Maisonneuve le prouve. Conçu par son cabinet, ce bâtiment un peu bohème, un peu chic, redonnant aux condos ses lettres de noblesse avec ses particularités architecturales et design, a été vendu à 100% en un tournemain.
CHAQUE NOUVEAU CLIENT EST UNE AVENTURE
Comprendre le client est toute une affaire.
Le satisfaire, encore plus.
Il faudra alors évoluer avec lui, tenir compte du génie du lieu, de son emplacement dans la ville et tutti quanti. Équation complexe et périlleuse et oh combien excitante ! Elle adore !
Évidemment, tout cela ne se fait pas seule. Anik est une femme d’équipe. Elle ne dirige pas comme un coach de hockey, mais bien comme une chef d’orchestre qui aime recentrer les énergies tout en comptant à ce que chacun excelle dans son domaine et soit passionné, curieux, imaginatif et attentif aux détails. Tout cela dans la joie. Et ça marche…
Anik et sa Yamaha FZI bleu nuit, une fille qui fait de la moto pour la liberté, l’odeur du foin, des routes de campagne et des goémons de la Gaspésie.
Anik Shooner
LA PASSION AVANT TOUT !
Une femme qui fait du ski de haute voltige, pour le silence, les paysages et… la concentration. Une battante qui fait du vélo pour fouiner en ville. Passionnée de musique, elle ferme brièvement les yeux de bonheur lorsqu’elle songe à sa maman, Cécile, qui jouait magnifiquement du piano dans sa jeunesse, cette musique fut le ferment, pense-t-elle, de sa créativité.
Parfois une femme de ville, passionnée de sa densité, de son rythme, de son kaléidoscope de sons et de couleurs, parfois une fille de campagne qui s’allie naturellement à la nature, toujours une femme de confiance !
Exposition Chagall, MBAM – Photos : Denis Farley
ARTISTE
Au printemps 2017, Anik participe à la conception de la scénographie de l’exposition Chagall : Couleur et musique pour le MBAM. Soucieuse d’étendre ses compétences, elle y produira une véritable expérience immersive, une scénographie toute de rouge vêtue, favorisant l’émergence des émotions.
INFLUENCEUSE
Impliquée au sein de sa communauté professionnelle et fervente militante des arts, Anik siège sur plusieurs conseils d’administration tels que celui de la Société de musique contemporaine du Québec et de l’Association des Architectes en pratique privée du Québec.
SOLAIRE
« Une rose est une rose, est une rose »
disait Gertrude Stein. Cette phrase décrit si bien la femme qu’Anik est. Une force du milieu. Elle est, selon ses pairs, une femme inspirante, réfléchie, brillante, esthète, capable de tout, qui prend le lead et qui sourit, satisfaite, lorsqu’on lui dit : « Il fait bon travailler chez vous, j’y ai trouvé ma place ! »
En 2019, Anik remportait non seulement le prix Hommage et le prix projet de l’annéee du GRANDS PRIX DU DESIGN mais également le prix Hommage décerné par l’agence CREW M, faisant la promotion et reconnaissant le succès des femmes en immobilier commercial.
Visualiser le projet élu prix de l’année 2019 au GRANDS PRIX DU DESIGN
Conversion du Planétarium Dow de l’ÉTS, élu Prix de l’année lors de la 12e édition du GRANDS PRIX DU DESIGN
Voici la vidéo produite pour son prix Hommage du GRANDS PRX DU DESIGN.
Voir aussi celle produite pour son prix Hommage CREW M.