En continuité de la Phase I réalisée en 2020, la Phase II du Jardin des Arts / Promenade riveraine vise à revaloriser un site emblématique du centre-ville de Saint-Jérôme. Bordant la rivière du Nord, ce tronçon stratégique relie deux repères majeurs du paysage : les ponts Castonguay et Saint-Joseph. Bien que court, ce segment se distingue par sa puissance évocatrice, à la fois paysagère, patrimoniale et sensorielle.
En aval du pont Castonguay, de spectaculaires chutes, prolongées par une série de rapides, dominent la scène. En amont, une digue encore visible témoigne de l’histoire hydraulique du site. Ces éléments forment le socle naturel et historique sur lequel repose le concept d’aménagement. Celui-ci vise à rapprocher le visiteur des chutes, à la fois physiquement et émotionnellement, pour lui permettre de ressentir pleinement l’énergie brute du lieu.
Ce projet se distingue par sa capacité à conjuguer une expérience paysagère immersive, d’une lecture historique sensible et du design contemporain engagé. Le concept tire sa force de l’histoire du lieu : d’abord du site de moulins à turbines au 19e siècle, puis du pôle textile majeur avec la Regent Knitting Mills et Tricofil au 20e siècle. Aujourd’hui presque disparus, ces strates industrielles ont guidé les choix de matériaux, de formes et de symboles. Cette mémoire a influencé les choix de matériaux : revêtement de sol en pierre, brique rougeâtre, métal et bois massif, qui évoquent les structures industrielles d’origine. Les vestiges existants ont été intégrés avec sobriété, sans muséalisation, pour nourrir un dialogue entre histoire et contemporanéité.
Au cœur de l’aménagement, une plaza centrale déployée en belvédère reprend un motif de pavé inspiré du tricot, véritable hommage aux artisans et ouvriers textiles ayant façonné l’histoire du lieu. Ce traitement graphique au sol imitant à la fois les ondulations de l’eau au bas de la cascade agit comme un geste mémoriel et puissant, liant le passé à la nouvelle vocation culturelle du site.
Un balcon en porte-à-faux, accessible universellement, descend au niveau des anciennes fondations pour offrir un rapport direct à la rivière. Cette plateforme permet un dialogue avec les chutes et une immersion sécuritaire, tout en respectant les conditions naturelles du site.
L’aménagement soutient également une programmation soutenue, grâce à un éclairage scénographique subtil (projections au sol, guirlande suspendue, lumières d’ambiance), et une végétalisation adaptée aux cycles saisonniers. Côté urbain, une lisière végétale plus dense agit comme filtre visuel, cadrant les vues sur la rivière et apportant une sensation de déconnexion du tissu urbain.
Au final, la Phase II du Jardin des Arts transforme un ancien espace délaissé en un lieu public structurant, accessible, et porteur de mémoire. Un lieu où l’histoire, la matière, et le paysage se rencontrent pour offrir aux citoyens une expérience sensible, inclusive et durable.
