QUE LA FORÊT S’ÉLÈVE !
Les forêts urbaines s’élèvent dans le monde entier pour lutter contre le changement climatique après le projet prototype révolutionnaire de Stefano Boeri Architetti

Article rédigé par Christian Bergeron et publié dans INTÉRIEURS 76, AUTOMNE 2018, mis à jour par Juli Pisano pour INT.design.

BOSCO VERTICALE, MILAN, ITALIE
Inauguré à Milan en 2014, ce projet novateur, hier comme aujourd’hui et devenu mondialement reconnaissable depuis, unit flore et béton.

Au fil des ans, le projet s’enracine de plus en plus dans son paysage urbain. En 2018, INTÉRIEURS s’entretenait avec l’architecte Stefano Boeri pour lui demander un premier bilan de l’expérience.

Et oui, il s’agit bel et bien ici d’une expérience, d’un « prototype » d’une architecture qui tente d’héberger la nature vivante, comme l’explique l’architecte. Jusqu’alors, l’intégration d’éléments naturels aux bâtiments était davantage envisagée de manière décorative.

Un courant s’est dessiné, un vent de changement a soufflé, et ce prototype a ouvert la porte à de nombreux autres projets de « forêts verticales », notamment en Chine, en France, aux Pays-Bas et au Mexique.

Dans cette nouvelle typologie du bâtiment, l’architecture doit respecter les arbres, qui sont traités comme des résidents. En plus de répondre aux besoins des humains, elle doit donc prendre en considération les besoins et les dimensions de la végétation, qui varient selon les espèces et l’emplacement géographique. Chaque immeuble évolue donc en lien avec le territoire qui l’accueille.

Abritant environ 60 arbres, 4 500 arbustes et 15000 plantes variées, Bosco Verticale offre l’équivalent de 3 hectares de forêt sur une surface de 1 200 m2.

Pour Boeri, cela témoigne de l’efficacité du concept. «Après quatre ans, on commence à voir s’établir des liens entre les arbres et les plantes et le tout commence à fonctionner comme un écosystème que les oiseaux n’ont pas tardé à venir occuper. »

Fait remarqué: L’importante présence de la végétation a un effet calmant sur les occupants. En contribuant à l’assainissement de la qualité de l’air et en réduisant les coûts liés à la climatisation, ce type de bâtiments a également une utilité sociale.

Si Bosco Verticale s’adressait à des personnes plus fortunées, il a permis de réaliser des essais et de développer une expertise plus accessible. « À Eindhoven, nous sommes en train de bâtir une tour de 125 logements sociaux », expliquait Boeri lors de notre entretien en 2018. « Nous avons appris à fournir cette technologie à moindre coût, et nous espérons que des architectes du monde entier se l’approprieront pour créer des projets encore meilleurs. »

TRUDO VERTICAL FOREST, EINDHOVEN, PAYS-BAS
Après que le cas pilote de Milan soit rapidement devenu l’un des symboles internationalement reconnus de la ville, en 2017, la vision de Stefano Boeri Architetti pour une nouvelle forme de biodiversité architecturale a été étendue pour inclure un nouveau bâtiment en plus de ceux actuellement en développement et en construction à Lausanne, Nanjing, Paris, Tirana, Shanghai, Utrecht ainsi que la ville forestière de Liuzhou. Conçu pour Eindhoven et baptisé Trudo Vertical Forest, le dernier exemple du grand projet de forêt urbaine a vu le modèle Vertical Forest appliqué pour la première fois au logement social.

L’intervention néerlandaise est donc une exploration d’une toute nouvelle condition stratégique, opérationnelle et de conception qui est également une réponse à une limite potentielle imposée par ce type d’architecture. Destinés à accueillir majoritairement des utilisateurs à faible revenu et en particulier les jeunes couples, les 19 étages de la tour d’Eindhoven abritent un certain nombre d’appartements aux loyers abordables, mais avec une qualité de vie élevée, grâce à la présence sur chaque balcon de centaines d’arbres et plantes d’une vaste gamme d’espèces.

Pour les aspects liés à la conception du composant organique de la forêt verticale Trudo, Stefano Boeri Architetti a fait appel aux conseils techniques fournis par le studio Laura Gatti dirigé par l’agronome Laura Gatti. Ce partenariat avait déjà porté ses fruits avec la création de la forêt verticale de Milan et d’autres projets de boisement urbain en cours et dans ce cas, le Gatti Studio a également travaillé en étroite collaboration avec le studio DuPré Groenprojecten à Helmond et la pépinière Van den Berk à Sint-Oedenrode.

La vision complexe activée par la forêt verticale de Milan – la coexistence “habitable” entre les humains et d’autres espèces comme les arbres, mais aussi les oiseaux et les insectes – est élargie dans le cadre du projet Trudo Vertical Forest pour répondre à un double défi dans lequel l’Eindhoven la tour du logement social établit la possibilité de lutter à la fois contre le changement climatique et de résoudre le problème du logement en interprétant l’idée de boisement urbain non seulement comme une nécessité pour améliorer l’environnement dans les villes du monde entier, mais aussi comme une excellente occasion d’améliorer les conditions de vie des citoyens les plus pauvres.

FORÊTS VERTICALES VS CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Selon Stefano Boeri, le contexte actuel est d’ailleurs propice à l’apparition de villes-forêts. “Nous travaillons beaucoup sur la question de la forêt urbaine, et avons même organisé, avec la FAO des Nations Unies, le premier forum mondial sur le sujet, à Mantoue, en 2018. C’est une question cruciale, puisque le fait d’intégrer les forêts aux villes et l’un des moyens les plus pratiques de combattre les changements climatiques.”

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À quand des immeubles de ce genre construits au Québec ?
Il y a précédent ! Des projets semblables existent où la neige et le froid persistent !

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