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Théâtre Snowdon
Par : ADHOC architectes
GRANDS PRIX DU DESIGN – 17e édition
Discipline : Architecture
Catégories : Bâtiment résidentiel / Appartement & copropriété de 5 à 9 étages : Certification bronze
Catégories : Prix spéciaux / Architecture + Mise en valeur du patrimoine : Certification Argent
Catégories : Prix spéciaux / Reconversion & réutilisation adaptive : Certification Argent
Né en 1937 au lendemain d’une crise économique sans précédent, le cinéma Snowdon marqua le retour du septième art à Montréal, une source d’évasion et de loisir dont les habitants n’avaient plus profité depuis de nombreuses années. Durant près de 50 ans, et à travers quelques uns des plus grands chefs d’œuvre cinématographiques du XXe siècle, ce cinéma de style Art-Déco conçu par Daniel John Crighton et habillé par Emmanuel Briffa aura été le principal témoin des regards ébahis, des larmes et des rires éclatants d’un public fidèle et toujours plus passionné. Après avoir accueilli sa dernière séance en 1982, il devint centre commercial puis salle de sport, jusqu’à sa fermeture définitive puis son abandon. Celui qui avait fait découvrir Chaplin aux Montréalais fut même incendié en 2016 et passa à deux doigts d’être détruit après avoir été racheté par la Ville. Propulsé de nouveau sous les feux des projecteurs, le Théâtre Snowdon se voit offrir une seconde vie en accueillant un public résolument contemporain auquel il offre désormais une soixantaine de logements.
Pour les architectes, le principal enjeu fut de préserver l’identité de cet octogénaire qui a traversé tant d’époques,tout en changeant drastiquement son usage, en adaptant son enveloppe (précédemment hermétique) et l’ouvrant sur l’extérieur, créant ainsi des espaces de vie lumineux, agréables. Travailler la notion de cinéma implique la conception d’un bâtiment comme d’un élément de spectacle autonome. De jour, tel un écran réfléchissant, l’agrandissement reflète l’infatigable valse urbaine. Il s‘offre au spectateur et fait miroiter le ciel. Sobre et léger, cet ajout, en suspension au-dessus du Théâtre Snowdon, le met en scène plutôt que de lui faire de l’ombrage. De nuit, sa peau transparente offre un caractère totalement différent ; tel le lever du grand voile, le bâtiment s’ouvre sur la ville et met en lumière des scènes domestiques mystérieuses et évanescentes. Le bâtiment devenu lumière agit comme un grand phare sur Décarie, rappelant son passé glorieux et son avenir brillant.
Jouant sur une véritable dualité entre une enveloppe historique imposante et un nouveau volume contemporain, le projet crée une passerelle temporelle qui allie le cachet du patrimoine avec l’espérance de l’avenir, dans un présent respectueux de son contexte. On y retrouve une dualité temporelle, certes, mais également spatiale, puisqu’il a fallu s’implanter et s’adapter à la trame urbaine. En effet, côté jardin règne une tranquillité baignée de nature, d’horizons verdoyants et d’une vue sublime sur le Mont Royal et l’Oratoire Saint-Joseph tandis que, côté cour se trouve un lieu de vie actif et plus passant avec sa circulation (autoroute Décarie), ses commerces et ses restaurants. Pour créer un dialogue harmonieux, une utilisation judicieuse des matériaux fut fondamentale, notamment en matière d’acoustique où il fallut répondre aux contraintes liées au contexte urbain en constante mutation.
Dans un souci patrimonial, la façade art-déco a été entièrement restaurée et ramène les composantes originelles. L’isolation des murs de maçonnerie et crépis existants est assurée par un soufflage performant appliqué sur l’ensemble des murs existants conservés. Une attention particulière fût portée aux éléments les plus caractéristiques du Théâtre : la marquise, l’enseigne Théâtre Snowdon ainsi que les trois bandes noires horizontales, tous conservés et restaurés à l’identique. Un subtil dialogue avec le nouveau volume plus contemporain s’installe entre ces deux architectures d’époques différentes.
Ce lien fort entre les préoccupations de notre époque et la magie du passé n’a d’ailleurs cessé de guider le projet. Grâce à la restauration du théâtre Snowdon – monument de mémoire populaire, temple des premiers baisers sucrés et maladroits et lieu de rendez-vous pluvieux en famille – un bâtiment emblématique de Montréal renaît des flammes et de l’oubli, offrant à ses résidents un véritable pan de son histoire.
Collaboration
Architecte : ADHOC architectes
Développeur immobilier : Omnia Technologies
Manufacturier : Enseignes Landreville
Architecture de paysage : VLAN Paysages
Photographe : Maxime Brouillet