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L’alternateur du secteur industriel
Par : Frédérique Côté
GRANDS PRIX DU DESIGN – 15e édition
Discipline : Étudiant
Catégories : Travaux d'étudiants / Étudiant - Architecture
Vestige de l’essor industriel ou témoin des erreurs du passé ? Probablement les deux.
À l’approche du site, la grue à charbon LaSalle Coke se dresse dans le paysage tel un phare du canal Lachine. Sa passerelle surplombe l’eau et son reflet remémore le passé du site qui fut autrefois un vecteur important de l’énergie et de l’industrie montréalaise. Maintenant désuète, la grue est délaissée, de même que le terrain adjacent qui est enclavé et pollué. Dès lors, l’histoire du site demeure dormante hormis que la présence d’activités néfastes y persiste. Même en été, le bruit des camions du dépotoir à neige se fait entendre. L’eau de fonte polluée s’écoule jusqu’aux égouts de la rue St-Patrick et démontre que les infrastructures s’inscrivent sans considération de l’environnement.
Résultant d’une session de recherche et réalisé dans l’atelier mentoré par M. Daniel Pearl le projet propose de transformer les problématiques en opportunités pour ancrer le secteur dans une perspective plus durable. En effet, le site présente des potentiels de métabolisme urbain, c’est-à-dire d’harmonisation des flux entrants et sortants, de founir services écologiques, et d’offrir des lieux de culture et loisir. Plus précisément, le projet suggère un milieu de recherche afin d’apporter une notion de civisme au secteur et d’entamer l’adoption de pratiques innovatrices. Ce pôle de recherche se présente comme un nouvel équipement culturel qui redessine les notions d’éducation et de vulgarisation. Par ailleurs, le projet propose de régénérer le site en y implantant des infrastructures vertes. La butte de neige existante cède graduellement sa place à la phytoremédiation. Des passerelles, s’inscrivant dans la trame historique, offrent une nouvelle promenade aux citoyens et leur permet d’apprivoiser le site et de comprendre les processus de décontamination. Une de ces passerelles relie la grue LaSalle Coke au point haut du site. Ses colonnes s’appuient sur d’ancienne fondations, vestige de la première usine ayant occupé le site. Ces fondations ceinturent désormais en marais filtrant. La grue est préservée et offre des espaces d’observation et d’exposition. La structure d’acier du bâtiment existant est dénudée et cadre un espace public. L’ajout d’une nouvelle toiture assure la flexibilité du bâtiment tout en célébrant le cycle de l’eau. À l’intérieur, l’espace est animé par des lieux de recherche, d’apprentissage et de collaboration. Le cadre architectural est propice aux rencontres spontanées entre les différents professionnels, le monde académique et la communauté.
Bref, le projet allie la recherche, la culture et la nature afin d’être un levier pour revitaliser le secteur industriel aux abords du canal. Il démontre les possibilités de l’avenir par un narratif optimiste basé sur une échelle plus humaine. La réhabilitation de patrimoines existants et la requalification de l’espace public sont des stratégies qui permettent d’ouvrir le site à la communauté et de mettre en valeur le paysage du canal. Le pôle de recherche en tant qu’outil didactique permet quant à lui d’offrir une compréhension des opportunités à la population dans le but d’y polliniser des changements et de faire apparaitre un nouveau cadre discursif dans des sphères variées. Tel que le mentionne l’environnementaliste Baba Dioum : « En définitive, nous protégerons uniquement ce que nous aimons. Nous aimerons seulement ce que nous comprendrons. Nous ne comprendrons que ce qui nous aura été enseigné. »
Collaboration