Tourisme Design / Publié le 16 mars 2021
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Par Claude Bérubé, membre honoraire de l’Association professionnelle des designers d’intérieurs du Québec (APDIQ) et Président de Asia Pacific Center (APDC), Shanghai, Chine et publié dans INTÉRIEURS 66, PRINTEMPS-ÉTÉ 2015. Mise à jour en bleu par Juli Pisano, en 2021 pour INT.design.
IL EST VENU LE TEMPS DES « AÉROPORTS »
L’AÉROPORT INTERNATIONAL DE SHENZEN BAO’AN, CHINE, 2013. DESIGN DE STUDIO FUKSAS, ROME, ITALIE.
Il est venu le temps des cathédrales
Le monde est entré
Dans un nouveau millénaire
L’homme a voulu monter vers les étoiles
Ecrire son histoire…
— Luc Plamondon
«Le temps des cathédrales», Notre-Dame
de Paris.
Sans vouloir parodier la chanson de Luc Plamondon dans Notre-Dame de Paris, on peut dire que le monde est entré dans un nouveau millénaire, mais ce n’est plus le temps des cathédrales. L’homme continue à écrire son histoire, mais le lieu a changé.
Avant que la COVID ne frappe à l’échelle planétaire et gèle nos déplacements, voilà que beaucoup d’entre nous passaient une partie de nos vies dans les grands aéroports du monde et osons croire que ces jours où nous pouvons voyager librement d’Est en Ouest reviendront !
© Archivio
Que ce soit à l’aéroport Haneda à Tokyo, à Inchon à Séoul, ou à Changi à Singapour, on constate que l’aéroport est devenu la signature des grands architectes, tout comme autrefois on attribuait le concept de la cathédrale aux plus grands créateurs.
Peut-être que l’aéroport est devenu la nouvelle cathédrale de l’architecture aujourd’hui. C’est en fait ce que j’ai ressenti en visitant le demi-million de mètres carrés de l’aéroport de Shenzhen, en Chine.
Quelle introduction sublime à cette ville UNESCO de design où l’architecture, le design et les arts sont présents partout. Rien à envier à sa voisine, Hong Kong, qui offre un spectacle différent.
© Archivio
© Archivio
Créé par l’architecte italien Massimiliano Fuksas et son épouse, la designer Doriana Fuksas, l’aéroport de Shenzhen est également le premier aéroport de la Chine possédant une centrale solaire de 10 mégawatts, ce qui pourrait alimenter 10 000 foyers américains.
Portraits de Massimiliano & Doriana Fuksas par Gianmarco Chieregato.
Il est intéressant de voir que l’architecte a aussi intégré à ses plans un musée de l’aviation soviétique, et un autre sur « l’invasion colonialiste » de la Grande-Bretagne et des guerres de l’opium. Ceux qui voyagent beaucoup seront reconnaissants de pouvoir passer des heures d’attente, autrement pénibles, à visiter un musée sur place.
Il est aussi étonnant que ce bureau, ayant son siège d’affaires à Rome, ait été choisi parmi des concurrents beaucoup plus connus. il est encore plus étonnant de savoir que l’architecte italien Massimiliano Fuksas n’avait jamais conçu d’aéroports avant celui de Shenzhen.
© Archivio
Si on se permet un instant de rêve, on ne sait plus par quelle magie on s’est retrouvé dans cette ruche d’acier et de verre. Mais il n’en est rien puisque l’idée originale de l’architecte vient de la raie Manta, qu’on appelle aussi «mante aquatique géante», et qui est la plus grande de l’espèce avec ses neuf mètres d’envergure.
À l’image de la métropole
Shenzhen peut accueillir autant de passagers que les aéroports de Hong Kong, Amsterdam ou J.F. Kennedy, et beaucoup plus que Dubaï.
Cette ville de 11 millions d’habitants, en plus d’être une ville UNESCO de design, est aussi la plaque tournante de l’industrie informatique en Chine, et probablement au monde, ce qui crée un achalandage important.
Tout est grandiose, à l’aéroport international Bao’an de Shenzhen, y compris son coût de construction, évalué à 1,4 milliard de dollars américains, et son achalandage, estimé à plus de 45 millions de visiteurs par année.
© Ville de Shenzen – Shutterstock