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Point pivot
Par : Julie Robert
GRANDS PRIX DU DESIGN – 15e édition
Discipline : Art & Photographie
Catégories : Oeuvre d'art / Art urbain : Certification Or
Catégories : Oeuvre d'art / Art visuel
Catégories : Oeuvre d'art / Oeuvre d’art - espace public : Certification Or
Point pivot est une installation sculpturale participative composée d’acier Corten, de béton blanc, d’une pierre calcaire et de 3 luminaires solaires encastrés. Cette oeuvre d’art public honore la mémoire des 99 victimes de la plus importante tragédie ferroviaire à ce jour au Canada, lorsque le train spécial numéro 168 s’est abîmé dans la rivière Richelieu, après que le pont à pivot ait été ouvert pour laisser passer un convoi de barges du remorqueur Champlain le 29 juin 1864. Le convoi de 11 wagons transportait 459 immigrants, principalement d’origine culturelle allemande qui souhaitait venir s’installer dans l’Ouest canadien et américain.
La structure est composée de deux arcs en acier Corten et d’un banc de béton blanc. Chacune des six plaques qui composent l’arc intérieur (droite) s’incline vers la droite sur les plaques attenantes. Quant à l’arc extérieur (gauche), les cinq plaques qui le composent s’inclinent vers la gauche et prennent appui sur les pièces adjacentes, créant à l’opposé de l’entrecroisement des deux arcs, une ouverture qui invite les utilisateurs en son centre. À l’intérieur, on peut lire le nom des 44 familles disparues lors du tragique événement taillé dans le métal. Trois luminaires encastrés solaires sont fixés dans le sol pour un éclairage nocturne solennel.
Les plaques d’acier au nombre des wagons qui composaient le train spécial N ̊168, sont à la fois la représentation ponctuée des traverses, élément fondamental de la construction du chemin de fer et de l’impact entre les wagons lors de l’accident. Chacune des plaques qui prend appui sur l’autre fait écho à l’entraide et la solidarité dont les citoyens de Beloeil et de Montréal ont fait preuve au moment de la tragédie pour venir en aide aux survivants. Les deux arcs qui viennent à la rencontre l’un de l’autre pour ne faire qu’un reflètent l’unification de la réalité des immigrants avec la nouvelle terre d’accueil. La rondeur des arcs et de l’assise évoque le mouvement du pivot du pont et les courants migratoires au fil des années. L’utilisation de l’acier entre en dialogue avec le pont ferroviaire en mire de la placette, quant à l’oxydation, elle souligne le passage du temps. Le positionnement du banc face à la montagne offre une perspective sur la voie ferrée et guide à travers la linéarité de ses traits, les pensées des utilisateurs vers l’origine de ces familles qui venaient d’ailleurs.
La forme semi-circulaire qui s’élève vers le ciel suggère la forme traditionnelle du tipi comme lieu d’habitation et de rassemblement communautaire. L’oxydation lie la matière au temps et suggère la présence du feu sous forme de flammes comme symbolique à différentes formes de spiritualité.
Le recouvrement de sol périphérique immédiat s’intègre à la structure comme les nouveaux arrivants sur le continent. Au pourtour, une plantation en massif d'Hordeum jubatum, enveloppe l’œuvre par le mouvement de ses épis balayés par le vent. Cette plante indigène, apparaissant spontanément le long des voies ferrées, amplifie l’expérience sensorielle des participants, telle une trame sonore passagère.
Les citoyens de Beloeil et les intervenants venus de Montréal ont été d’une grande aide lors du tragique événement en prodiguant des soins et en offrant de la nourriture et l’hébergement aux survivants. Une pierre calcaire blanche qui provient du sol beloeillois de notre propriété a été coulée à même le banc et offre à son tour un support à ceux qui s’y reposent.
Collaboration
Autre : La Société d'histoire et de généalogie de Beloeil-Mont-Saint-Hilaire