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mémé
Par : Alice Tremblay-Saint-Yves et Justine Cotard
GRANDS PRIX DU DESIGN – 17e édition
Discipline : Étudiant
Catégories : Travaux d'étudiants / Étudiant - Design industriel / Design d'objet / Mobilier : Certification Or
mémé, n.f.
« Mot affectueux pour désigner sa grand-mère. »
Les intérêts personnels d’Alice et Justine, mais aussi leurs lunettes féministes, les ont guidées vers les pratiques du travail textile. Les deux designers se sont ainsi penchées sur le raccommodage, à la croisée de l’engouement pour l’achat seconde-main et l’artisanat à domicile, considéré comme un moyen efficace et accessible de participer à une mode plus durable. Toutefois, la pratique de la couture à domicile est en déclin et engendre la perte du savoir-faire qui y est lié en raison de l’accès au vêtement bon marché et à la configuration des espaces de vie. Motivées par ce besoin d’encourager la pratique du raccommodage auprès des non-couturiers, elles ont développé une proposition accessible, rapidement déployable et intelligible.
Mémé est un kit de raccommodage low-tech composé d’un outil de couture à la main et de trois gabarits, distribué dans un boîtier compact pouvant accueillir du matériel de couture supplémentaire. Le produit cible une nouvelle génération d’adeptes en s’attaquant à la zone grise entre la couture à la main et à la machine, jumelant ainsi l’accessibilité financière de l’une et l’efficacité de l’autre. L’outil manuel a une prise en main intuitive facilitant les manipulations et intègre des principes retrouvés habituellement dans une machine à coudre tels qu’un point à deux fils, un système de tension et de rembobinage de la bobine et l’interchangeabilité des aiguilles. L’usager peut également utiliser des aiguilles et bobines qu’il possède déjà ou s’en procurer dans n’importe quel commerce de couture, car l’outil est compatible avec les formats des produits disponibles sur le marché. Les gabarits, quant à eux, accompagnent l’usager dans la réalisation de trois types de réparations et d’ajustements communs soit l’ourlet, la pince et la retouche de base. Ils peuvent être utilisés sur une variété de textiles grâce à leur système d’assemblage sur les vêtements, comportant une surface adhérente et des pinces aimantées. Ainsi, Mémé permet autant d’ajuster cette paire de jeans trop grande à la taille, que l’ourlet d’une manche d’un chandail en coton !
Les choix liés aux procédés de fabrication et aux matériaux ont d’abord été guidés par une réflexion sur la fin de vie du produit pour assurer la séparation et le tri de ses composantes. Pour assurer sa durée de vie et son adoption par les usagers cible, il était tout autant important de considérer les chocs éventuels lors de l’usage et le coût de production et de vente du produit. Le moulage par injection permet donc d’obtenir un produit robuste et accessible. Mémé découle également d’une analyse approfondie des produits de couture sur le marché et résulte d’un travail esthétique et formel qui s’éloigne des codes sémantiques rattachés traditionnellement à l’industrie artisanale.
Mémé s’inscrit ainsi dans un mouvement plus grand de consommation responsable en répondant aux besoins des jeunes adeptes d’artisanat et de mode durable et en adressant les considérations spécifiques au raccommodage plutôt qu’à la confection de vêtements. De cette manière, le produit interpelle le non-couturier et l’accompagne dans son apprentissage, prouvant à tous qu’il est possible de raccommoder ses vêtements soi-même, en toute simplicité.
En 2023, Mémé a été récipiendaire du Prix de l’École de design de l’Université Laval, du Prix mérite technique décerné par Advanta design et de la Bourse des anciens offerte par l’entreprise Lasclay.