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Maison Haute
Par : Forme Studio Architecture
GRANDS PRIX DU DESIGN – 17e édition
Discipline : Architecture
Catégories : Bâtiment résidentiel / Appartement & copropriété ≥ 10 étages : Certification Argent
Catégories : Prix spéciaux / Architecture + Mise en valeur du patrimoine
Le projet Maison Haute est un bâtiment mixte de 13 étages composé de 53 logements locatifs et leurs espaces communs, ainsi que d’un local commercial au rez-de-chaussée et son espace de stockage au sous-sol. Sa superficie brute est de 3033 m2. Son coefficient d’occupation du sol est de 6.0 et son taux d’implantation 90%.
UN PROJET DE CENTRE-VILLE ALLIANT PATRIMOINE ET MODERNITÉ
Situé sur la rue Sainte-Catherine, artère commerciale dynamique emblématique du centre-ville, le projet jouit d’un positionnement stratégique, à distance de marche de 2 campus universitaires, de plusieurs stations de métro, et de plusieurs lieux culturels d’envergure tels la Place des Arts et le Musée des Beaux-Arts, entre autres. Cette position d’extrême-centre permet de proposer un projet dense et résolument tourné vers son environnement proche (à pied) et lointain (en transport en commun).
Le site est occupé par un bâtiment historique dont la façade est de grande qualité, une opportunité pour faire un lien entre passé et avenir en proposant un projet résolument contemporain s’insérant dans un cadre patrimonial.
Le programme est mixte : un commerce et des espaces communs occupent la portion historique du bâtiment, au rez-de-chaussée et au 2ème étage, afin de conserver l’animation sur rue qui fait l’âme de la Rue Sainte-Catherine. Les étages sont quant à eux occupés par des logements de petite taille. Au toit, une terrasse collective s’ouvre sur un panorama double : au Nord, le Mont Royal, au Sud, le fleuve Saint-Laurent.
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Le caractère hypercentral du site permet au projet de s’ancrer dans une logique de développement durable en densifiant un espace déjà minéralisé (limitant ainsi l’étalement urbain), en proposant une certaine mixité d’usage (commercial et multi résidentiel), et en développant des unités très optimisées et donc plus accessibles, destinées à une population jeune et dynamique recherchant l’attractivité et l’animation du centre-ville, qu’ils soient étudiants ou jeunes travailleurs. Par ailleurs, trois espaces de socialisation, totalisant 10% des superficies résidentielles, sont prévus : un Gym ainsi qu’espace salon/salle de travail au 2ème étage, et une terrasse collective au toit. Le hall d’entrée, premier lieu de socialisation du bâtiment, fait écho à l’histoire du quartier en arborant une intervention murale représentant l’ancien Forum, centre de divertissement historique local. L’étage typique s’organise de manière à ne prévoir aucune ouverture sur la façade Nord-Est et d’y implanter les noyaux verticaux. Les logements occuperont les façades Sud-Est, Sud-Ouest et Nord-Ouest, maximisant leur ensoleillement donc leur apport solaire passif.
La place de la voiture n’est pas en centre-ville, c’est pour cette raison que le projet ne comporte aucun stationnement prévu à cet effet, encourageant les habitants aux déplacements actifs et aux transports en commun.
IMPLANTATION ET VOLUMÉTRIE
Le terrain, basé sur la trame urbaine historique de la Ville, est étroit et profond. La présence du bâtiment historique confère au projet autant de cachet que de complexité, mettant en lumière la dualité entre conservation du patrimoine et densification basée sur de nouveaux paramètres de conception. Le projet propose donc une volumétrie en U organisée autour d’une courette centrale, permettant de dégager des ouvertures et donc de pouvoir maximiser les logements traversants bénéficiant d’un meilleur ensoleillement et de ventilation naturelle, pour un meilleur confort de vie et bien-être des occupants. Maximiser la densité, mais pas au détriment de la qualité de vie des occupants.
TRAITEMENT DES FAÇADES :
Côté rue, la façade principale a été pensée comme une fenêtre sur la ville, conférant aux unités luminosité et points de vue dégagés. Cette façade est composée de 3 registres :
1 : restauration et mise en valeur de la façade existante par un travail minutieux d’analyse et de mise en place de mesure de protection durant le chantier.
2 : mise en retrait du volume ajouté afin de conserver l’échelle humaine du premier plan occupé par le bâtiment existant. Cette mise en retrait permet de dégager deux terrasses privatives pour les logements au 3ème étage.
3 : cadre architectural et mur rideau sur la pleine façade. La fenêtre sur la ville à proprement parlé. Les unités s’ouvrent intégralement sur la ville et son panorama urbain avec, en fond de toile, le Mont Royal. Un jeu de meneaux horizontaux et verticaux vient créer des alvéoles à l’échelle d’une unité résidentielle. Ce langage de meneaux blancs et de quinconces varie dans les derniers étages afin d’affirmer la verticalité et la finesse de la tour.
Le projet étant en limite de propriété sur ses deux côtés, il génère malgré lui 2 murs aveugles. À l’Ouest, la courette vient scinder la volumétrie et ouvrir les unités sur des vues biaises de part et d’autre des tours voisines. Au Nord, le mur demeure aveugle, car occupé par les noyaux verticaux (escaliers et ascenseurs, gaines techniques). À travers un jeu de modules disposés aléatoirement, des insertions verticales blanches viennent rythmer ses deux façades latérales tout en accentuant la verticalité de l’intervention contemporaine. Autre défi technique de la mitoyenneté : comment construire sans toucher aux toits voisins (installation d’échafaudages, notamment)? Le choix du panneau de béton préfabriqué comme revêtement principal a permis de répondre à cette problématique. L’installation d’une grue sur le toit du projet a permis de minimiser la complexité de construire en mitoyenneté, en limitant les contraintes liées aux bâtiments voisins, tout en accélérant la durée du chantier.
EFFICACITÉ
Plusieurs aspects permettent d’atteindre une certaine efficacité du bâtiment, tant dans sa dimension économique qu’environnementale : d’une part, les unités proposées sont standardisées et de taille optimisée afin de réduire les coûts au pied carré. D’autre part, le fait qu’elles soient largement fenestrées et/ou traversantes permet une certaine économie d’énergie, car elles bénéficient d’éclairage et de ventilation naturelle. Par ailleurs, aucun espace de stationnement automobile n’est prévu en sous-sol étagé, ce qui a limité l’excavation du site et permis de maximiser les autres espaces (stockage de l’espace commercial au rez-de-chaussée, rangements, stationnement pour vélos). Plutôt que de proposer de petits espaces extérieurs individuels de types balcons, le choix a été fait de concevoir un toit collectif comme un lieu de rencontre-belvédère sur la ville, minimisant ainsi les ponts thermiques pour une enveloppe plus efficace. Enfin, l’utilisation de panneaux préfabriqués en atelier a permis de limiter les erreurs au chantier tout en réduisant sa durée donc son coût.
CONCLUSION
Ainsi, le projet Maison Haute se dresse fièrement sur la rue Sainte-Catherine comme un exemple équilibré entre patrimoine bâti et intervention contemporaine, entre densité et confort, entre qualité et quantité des lieux de vie créés, qu’ils soient individuels ou collectifs. Enfin, il répond à son échelle à la question ô combien cruciale de la production du logement collectif et de la construction de la ville sur la ville sans artificialisation supplémentaire des sols. Le projet s’inscrit dans la volonté de la firme de vouloir contribuer positivement au paysage urbain de la Ville de Montréal tout en respectant le contexte physique et socio-environnemental dans lequel les projets s’insèrent.
Collaboration
Architecte : Forme Studio Architecture
Designer d'intérieur : Sidaros Design