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Résidence M
Par : Alexandre Bernier Architecte
GRANDS PRIX DU DESIGN – 16e édition
Discipline : Design d’intérieur
Catégories : Résidence / Espace résidentiel 1 600 - 5 400 pi2 (150 - 500 m2) : Lauréat Platine
Catégories : Résidence / Salle de bains principale : Certification OR
Résidence M
Le projet de la résidence M est une transformation d’un duplex en rangé typique, dans une rue paisible de Rosemont à Montréal, en résidence unifamiliale. Rosemont étant un quartier urbain propice à l’établissement de jeunes familles, les nouveaux propriétaires, un couple avec 3 enfants, ont choisit de s’y établir pour vivre dans un environnement de vie urbain, confortable et conviviale.
Le seuil/ la limite et les transitions
En observant le tumulte du quotidien ainsi que l’incessant vas-et-viens que commande l’énergie de jeunes enfants, le travail conceptuel du projet s’est orienté sur la notion de seuil/limite autant au niveau physique/matériel qu’au niveau perceptuel/sensoriel. En utilisant autant la différence spatiale que les matériaux de finition, le projet met l’emphase sur les relations entre l’ouverture ou la fermeture des espaces, sur la transition entre l’intérieur et l’extérieur, entre un espace et un autre, entre le quotidien et le repos, entre le familiale et le personnel, entre le voisinage et la cellule familiale. Ce travail vis à offrir un cadre de vie familial sain, épanoui.
L’entrée comme espace de transition
L’entrée est un espace trop souvent relégué à sa fonctionnalité et aussi souvent trop étroit pour l’accueil des personnes en visite. Pour ce projet, cet espace est vaste afin que les 3 enfants puissent s’y préparer et même y flâner. Le sol est recouvert de tuiles minérales, faisant ainsi écho à la surface extérieure du trottoir. Le seuil des pièces de vie domestique est marqué par la présence d’un escalier qui joue le rôle d’un filtre et marque la transition entre l’espace de la rue et l’espace domestique. L’ajout d’un puit de lumière à cette circulation verticale met de l’emphase sur ce seuil, tout en permettant d’éclairer naturellement le centre de la maison. L’espace de bureau/ travail, espace semi-publique, est attenant à l’entrée, renforçant cette relation de transition extérieur. Un client ou un collaborateur peut ainsi être accueilli sans avoir à pénétrer plus profondément dans l’espace domestique privé. Il n’est pas nécessaire d’enlever ses souliers dans cette circulation car le revêtement de sol est continu avec l’entrée. Ce bureau d’entrée est un incontournable, presque essentiel, depuis les dernières années.
Le jardin comme une pièce de la maison.
Au départ de la réflexion, une phrase de l’architecte finlandais Alvar Alto tiré du texte Du pas de la porte à la pièce d’habitation : « Le jardin (la cour) fait autant partie de notre habitation que n’importe quelle pièce. Le passage du jardin aux pièces intérieurs doit offrir un contraste bien moins que celui de la rue ou de la route au jardin. On pourrait dire ceci : la maison finlandaise doit avoir deux visages. Le premier est ce contact esthétique direct avec l’extérieur, tandis que le second, son visage d’hiver, se manifeste par une architecture d’intérieur soucieuse de donner de la chaleur à nos pièces d’habitation » (Alvar Alto, 1926, Du pas de la porte à la pièce d’habitation, La table blanche et autre textes, Éditions Parenthèses
Par l’ouverture audacieuse en contexte urbain de la façade arrière, la porte coulissante de plein pieds fait toute la largeur de la façade. Cette ouverture permet de faire entrer l’environnement de la cour dans la maison et à l’inverse de faire sortir la maison vers le jardin extérieur. L’intégration du cabanon en fond de cour devient la véritable limite physique de la maison. Lors des belles journées, le jardin sert de séjour et lieu de rencontre extérieur entre les familles, les amis ; lors des jours plus ennuyeux, il sert d’espace contemplatif permettant au regard de se projeter sur l’extérieur afin de pouvoir saisir une partie de l’atmosphère reposante qui peut se dégager des journées de pluie ou de neige. La cour arrière est magnifié au quotidien par son évocation de la nature, malgré le contexte urbain. Cet espace est réapproprié quant à sa vocation de stationnement ou d’entreposage trop souvent observé, voué à une utilisation secondaire souvent dominé par une surface minéral ‘’ propre’’ et étanche à l’eau et aux végétaux. La mise en valeur de la cour parle à nos sens, nous réconcilie avec notre propre jardin intérieur, notre cœur d’enfant et sur notre sentiment de bien-être dehors qui fait contrepoids à notre vie quotidienne effréné.
La chambre comme refuge accroché à la cime des arbres
La chambre est la pièce ultime. Espace fermé et privé où culmine le parcours de la maison. C’est le repos du quotidien, un refuge. La chambre des parents est traité comme un endroit intime, séparé du corridor de l’étage par deux blocs de service. Ces deux blocs adossent l’espace de la chambre au mur pleinement vitré sur l’épinette de la cour. La chambre devient un perchoir dans l’arbre où l’on peut contempler et voguer dans ses réflexions, loin du tracas du quotidien, mais en lien avec la nature extérieure.
Collaboration
Architecte : Alexandre Bernier Architecte